Si l'on tient à une parfaite exactitude de langage, il faudra dire que l'étiologie ou la philosophie de l'histoire s'enquiert de la raison des événements plutôt que de la cause des événements. Car l'idée de cause implique celle d'une action, d'une force douée de son énergie propre. Et ce que la critique doit mettre en évidence, ce sont le plus souvent des résistances passives, des conditions de structure et de forme qui prévalent à la longue et dans l'ensemble des événements sur les causes proprement dites, sur celles qui interviennent avec le mode d'activité qui leur est propre, dans la production de chaque événement en particulier. Si l'on projette un dé un grand nombre de fois, et que l'as reparaisse beaucoup plus souvent que les autres points, ce sera l'indice de quelque irrégularité de structure ou de distribution de la masse qui seule peut rendre raison de la fréquence observée, mais qui n'intervient que passivement, par suite de l'inertie de la matière du dé, et qui dès lors n'est point une cause selon la rigueur du terme. Si l'on emploie même dans ce cas le mot de cause, et si l'on dit que l'irrégularité de structure agit dans un sens favorable à l'apparition de l'as, ce ne peut être que par une de ces métaphores ou de ces transitions qu'on chercherait vainement à proscrire du langage. En réalité, l'on aura éliminé comme accidentel et fortuit, et comme étranger à l'objet que l'on a en vue, tout ce qui tient à l'action des causes proprement dites, c'est-à-dire des forces impulsives qui à chaque coup, varient irrégulièrement en intensité et en direction.
"Si magna licet componere parvis" ("S'il est permis de rapprocher les grandes choses des petites". Inspiré de "Si parva licet componere magnis", "S'il est permis de rapprocher les petites choses des grandes" Virgile, Géorgiques IV, 176, comparant les travaux des abeilles à ceux des cyclopes).
De même les personnages appelés à figurer sur la scène de l'histoire (de l'histoire comme on l'entend d'ordinaire et comme on doit le plus souvent l'entendre), monarques, tribuns, législateurs, guerriers, diplomates ont bien le rôle actif, interviennent bien à titre de causes efficientes dans la détermination de chaque événement pris à part. Ils gagnent ou perdent des batailles, ils fomentent ou répriment des révoltes, ils rédigent les lois et les traités, ils fabriquent et votent les constitutions. Et comme ils arrivent eux-mêmes sur la scène à la suite des combinaisons de la politique, il semble d'abord que la politique engendre et mène tout le reste. Cependant l'histoire politique est de toutes les parties de l'histoire celle où il entre visiblement le plus de fortuit, d'accidentel et d'imprévu. De sorte que pour le philosophe qui méprise le fait, qui ne se soucie guère de l'accidentel et du fortuit, si brillant que soit le météore, si retentissante que soit l'explosion, l'histoire tout entière courrait risque d'être frappée du même dédain que les caprices de la politique, s'il n'y avait plus d'apparence que de réalité dans cette conduite de l'histoire par la politique, comme par une roue maîtresse, et s'il ne fallait distinguer entre le caprice humain, cause des événements, et la raison des événements qui finit par prévaloir sur les caprices de la fortune et des hommes. Il en est d'un prince faible, jouet d'une maîtresse ou d'un favori, comme de notre dé qu'un souffle dérange dans ses agitations. Mais s'il s'appelle Louis XV ou Charles IV, l'arrêt de sa dynastie est écrit, en quelque sens que la fantaisie de la maîtresse ou du favori incline pour le moment sa volonté débile.
C'est à cause de la part plus grande du hasard dans la trame des événements politiques, que la politique viendra toujours en dernier lieu et comme accessoirement dans la présente esquisse de critique ou d'étiologie historique. Tandis qu'elle vient toujours au premier rang et comme l'objet principal de l'histoire, dans l'histoire écrite à la manière ordinaire.»
COURNOT, 1872. Considérations sur la marche des idées et des événements dans les temps modernes (Extrait). Prolégomènes. De l'étiologie historique et de la philosophie de l'histoire.
Ce texte de Cournot a pour fonction d'esquisser la méthode d'une attitude et d'une perspective nouvelles en philosophie de l'histoire, et qu'il nomme étiologie historique. Le but de l'ouvrage de Cournot est de rendre compte de la marche des idées et des événements dans les temps modernes, au sens où ils témoignent d'un avènement de la science positive, mais aussi d'une révolution historique majeure. Il s'agit d'abord selon une démarche rigoureuse et prudente—Cournot fut d'abord mathématicien— de redéfinir les instruments conceptuels dont on se servira : cause, raison, hasard, enchaînement. Ensuite il s'agit de fonder la méthode, qui consiste à chercher les raisons plutôt que les causes, et chercher les causes profondes plutôt que les causes apparentes. Enfin l'auteur cherche à dénoncer une illusion perspective—qui proviendrait d'une erreur de méthode— qui consiste à croire que les faits politiques et la politique (comme représentation de ces faits et actions sur eux) sont premiers dans l'ordre des causes historiques.
Il semble donc que le but de ce texte soit de positionner la nouvelle attitude méthodique d'étiologie historique critique, face à deux pôles attestés par le passé. D'un côté l'histoire morale ou anecdotique, d'un autre côté les grands systèmes rationalistes qui prétendent accéder à la cause première ultime de l'histoire. Ainsi il semblerait que la fonction de ce texte soit de renvoyer dos à dos, discrètement, précautionneusement, mais fermement, deux attitudes également insatisfaisantes. Dune part, il y a ceux qui intervertissent subrepticement l'ordre d'importance des causes, en valorisant à l'excès les causes faibles et surfaciques. D'autre part, il y a ceux qui, en conséquence de la première attitude, en viennent à bâtir de grands systèmes spéculatifs où la cause première de l'histoire serait prétendument saisie. Il ne s'agit pas, par ailleurs, pour Cournot, d'avaliser un nouveau système rationaliste de représentation de l'histoire, mais plutôt de remettre en jeu des considérations méthodiques.
Mais Cournot va s'employer à montrer que les vraies causes premières ne sont rien moins que saisissables, et qu'il vaut mieux par conséquent s'enquérir de principes d'intelligibilité qui sont seuls susceptibles de rendre raison de la hiérarchie (ou ordre d'importance) des causes.
Il faudra donc, en suivant l'ordre du texte, composé de quatre paragraphes, lui poser quatre questions. D'abord, comment Cournot établit-il la ligne directrice de l'étiologie historique, en distinguant des genres de causes, puis en comparant, dans le contexte d'une différence entre hasard et nécessité, l'étiologie historique à l'étiologie médicale (§1)? Ensuite quel est le rôle, la fonction, le statut, de l'exemple du jet de dés pour caractériser les deux genres de causes (résistance ou inertie passives, et forces motrices et productrices), et pour rendre compte ou raison de cette interversion subreptice de la nature des deux genres de causes (§2)? Enfin quelle est la légitimité du passage de la sphère naturelle à la sphère humaine? Comment l'exemple du dé permet de penser correctement l'ordre des causes dans l'histoire humaine? D'où vient cette illusion propre à l'histoire traditionnelle de placer la politique au rang d'objet principal?
Le titre du passage dont est extrait ce texte indique qu'il s'agit de prolégomènes. La nature de ce texte est donc d'être méthodologiquement fondatrice d'une nouvelle approche de l'histoire. Son projet n'est donc rien moins que produire une nouvelle philosophie spéculative de l'histoire, puisqu'il renvoie dos à dos l'histoire anecdotique et l'histoire politique, toutes deux enfermées dans des contresens et des illusions. Le fil directeur emprunté par Cournot dans ce texte n'est-il pas appuyé sur un double objectif? D'une part, dénoncer un mauvais usage de la notion de cause, quand on confond les causes profondes et les causes apparentes? Mais aussi d'autre part et corrélativement, dénoncer un mauvais usage de la notion de raison, quand on confond ce qui rend raison des causes et de la différence de leur genre, avec une construction abstraite et spéculative qui prétend saisir la cause première de l'histoire?
Cournot part d'abord d'une tension, d'une contradiction apparente, pour mettre en évidence la nécessité d'une distinction. D'un côté en effet le philosophe, par nature et définition, cherche la raison des choses. Le principe fondamentale de la philosophie est le principe de raison (rien n'est sans raison), assorti du principe de non contradiction. La raison est non seulement la faculté qui permet de comprendre, justifier et trouver la logique des choses, ou de la représentation des choses, mais surtout leur principe d'intelligibilité. Mais d'un autre côté cette recherche des raisons se heurte à la nécessité pour l'histoire de présenter des causes et de discuter de leur importance et de leurs combinaisons. Mais la difficulté commence à partir de la traduction du mot grec αιτία (aïtia) qui, comme l'indique Cournot, signifie d'abord cause (chose productrice d'une autre chose), mais aussi raison. Qu'est-ce à dire? La cause et la raison sont-elle exactement synonymes (causa sive ratio), comme le pose Descartes, il est vrai seulement à propos de Dieu? La réponse est évidemment négative, car la cause se situe plutôt du côté de la chose (comme force productrice), tandis que la raison se place davantage du côté de l'esprit — comme principe d'intelligibilité qui permet à l'esprit de rendre raison de la représentation qu'il se fait des choses. Les deux termes, pour n'être pas synonymes, sont néanmoins profondément liés. On peut d'ailleurs montrer un infléchissement progressif, dans la métaphysique du XVIIème siècle, de la notion de cause efficiente au profit du principe de raison, qui progressivement émerge et supplante la première. Que sait-on de la cause? Au fond, peu de chose, sinon rien, mise à part la représentation que la raison permet à l'esprit de s'en faire conformément à sa nature et aux conditions de possibilité de son exercice. Il faut à l'esprit humain faire preuve de plus de modestie. La cause est cachée, et se tient dans les arcanes de la nature ou de Dieu. Il est plus raisonnable de développer l'exercice de la raison, autrement dit l'effort pour rendre raison des faits et des choses par l'explication de nos représentations des causes. Notons en passant que déjà la philosophie de l'histoire chez Vico se montrait très prudente. Elle proposait non pas la présentation des causes, mais la construction d'un système génétique de raisons plausibles rendant compte de l'évolution humaine dans le temps. Elle marquait les limites d'une assignation de la cause première comme providence. Parce qu'elle montrait que ce que l'homme peut vraiment saisir de son histoire ce sont des raisons (parce qu'il les construit), non des causes, parce qu'elles sont inaccessibles (de l'ordre de la nature).
Refermons donc cette parenthèse, qui voulait signifier un antécédent de cette préoccupation de la distinction de la cause et de la raison. L'étiologie historique prendra donc acte que la notion de cause, que par définition elle recherche, doit cependant être construite par la raison. En particulier on devra rendre raison de la différence entre deux genres de causes, afin de rationaliser la discussion sur la prééminence éventuelle de certaines causes sur d'autres. Le tissu de l'histoire humaine — si cette image est permise — est constitué d'une chaîne, en un mot de l'ensemble des conditions temporelles et matérielles de l'humanité. La trame vient s'enchaîner par entrelacement à la chaîne, et elle se trouve constituée de multiples causes dont toutes ne sont pas d'égale importance. Il faut donc chercher à rendre raison plutôt que "ac-cuser" ou "ex-cuser" tel ou tel événement d'avoir produit tel effet.
En effet rien n'est plus éloigné de la position méthodique, rigoureuse et scientifique de Cournot que de construire une philosophie spéculative de l'histoire, où la rationalisation systémique et systématique prétendrait assigner une cause première, transcendante, au déroulement de l'histoire et à en déterminer exactement le contenu. Mais à l'inverse Cournot ne sombre pas dans le scepticisme ou le pointillisme de ceux qui croient que l'histoire n'est qu'un hasard, ou finalement "un monstre et un chaos" (Pascal), dans lequel les petites causes insignifiantes produisent les plus grands bouleversements, et les effets les plus lourds. Ainsi Cournot pense sans doute à Pascal et à ses Pensées (partie I, misère de l'homme sans Dieu), quand il montre qu'un certain type de causes (causes surfaciques) peut expliquer — en confirmant la faiblesse humaine, mais aussi sa chute, son abjection ou abaissement (misère) —, l'avènement d'événements désastreux. "Si le nez de Cléopâtre eût été plus court, toute la face de la Terre aurait été changée", remarque Pascal. Il sous-entend ainsi qu'Antoine ne serait pas tombé amoureux d'elle, délaissant son Empire et n'offrant plus aucune résistance aux ambitions et menées de César — il se suicidera avec son amante. De même, poursuit Pascal, le calcul (petite pierre) dans l'urètre de Cromwell a coupé court à la révolution anglaise.
On a certes le droit de s'intéresser à ce genre de causes supposées, et à croire pouvoir les constituer comme éléments susceptibles de rendre raison d'une évolution. Mais il ne faut pas mélanger les genres. Cette attitude, comme dans la Vie des hommes illustres (ou Vies parallèles) de Plutarque, s'avère cependant utile dans l'ordre de l'édification morale pour servir d'exemples, de contre-exemples, ou détourner des vanités de ce monde. Mais elle ne saurait constituer le fondement de l'étiologie historique selon Cournot.
Dans ces conditions quel est le genre de causes qui constitue l'objet de recherche de l'étiologie historique ou de la philosophie de l'histoire? Que peut bien entendre Cournot par ces termes? (l.6). Il faut remarquer d'abord que Cournot ne condamne pas la philosophie de l'histoire en général, mais seulement une de ses figures particulières, la philosophie spéculative abstraite. Il est licite et légitime que le philosophe s'enquière du sens de l'histoire et cherche à rendre raison de son déroulement. Mais il ne faut surtout pas qu'il le fasse freiné un préjugé sur la notion de cause, et en croyant pouvoir assigner une cause première intégrale à la marche de l'histoire. Notons que Cournot reste rigoureux et prudent, scientifique et méthodique. Il ne dit pas "marche de l'histoire", ce qui supposerait la saisie d'une cause individuelle totale. Mais il parle de "marche des idées et des événements". Il ne dit pas "système spéculatif de l'histoire", mais rigoureusement : "considérations". Autrement dit, il s'agit pour lui d'un effort pour saisir un ordre par la raison. Mais cet ordre, il sait qu'il ne peut constituer qu'un principe d'intelligibilité, et non une cause suprême, supérieure, et dès lors abstraite et arbitraire. Mais cet acquis représente déjà beaucoup selon lui, comme dans l'étiologie médicale. Car la nature reste cachée, l'art au sens technique et scientifique ne peut rendre raison que de processus, dans des limites probables, et non absolument certaines.
Il y a bien entendu pour Cournot une légitimité de la philosophie de l'histoire, mais elle doit être épurée, nettoyée par l'attitude rigoureuse et critique de l'étiologie historique. Ce n'est qu'à cette condition qu'elles peuvent se rapprocher, voire peut-être s'identifier.
Ainsi (l.9) la philosophie de l'histoire n'est pas une science, au sens rigoureux du terme. Car celui-ci présuppose une démonstrativité. Or ce qui est de l'ordre du temps et de l'existence présente un noyau irréductible à la déduction. Ce caractère apparaît contrairement aux constructions logiques et mathématiques de l'esprit, fondées sur des conditions de possibilité a priori de perception et de réception de lois de la représentation.
La première démarche de la raison est d'assigner une raison à l'ordre différencié des causes, plutôt que de déterminer d'emblée une cause massive et indifférenciée, dès lors abstraite et illusoire. D'un côté (l.7) on peut se représenter un caprice du hasard, une espèce de déclinaison, non volontaire ou du moins non déterminée par des penchants et des humeurs, ce qui la distingue du caprice humain. Cette déclinaison est aléatoire et produit mécaniquement des inflexions. "Le hasard est la rencontre de deux séries causales indépendantes", dit Cournot. Et nous pourrions ajouter : et non intentionnelles, ni bienveillantes, ni malveillantes. Elles ne dépendent d'aucune satisfaction quelconque d'humeurs, de penchants, d'inclinations — par ailleurs mécaniquement déterminées dans le corps humain. D'un autre côté, ce n'est qu'après coup et rétrospectivement (par une inspection en retour de l'esprit) que l'on peut raisonnablement et rationnellement supputer que deux types de réalité, le hasard ou la nécessité déterministe, peuvent émerger ou rester enveloppées selon les circonstances. Les circonstances peuvent ici se définir comme tout ce qui se tient autour, autrement dit le contexte comme cause occasionnelle, le facteur déclenchant dont la présence est elle-même aléatoire, mais dont l'effet conditionnel est certain. C'est pourquoi (l.8), en réfléchissant selon l'ordre des raisons, en une démarche rétrospective et non par le présupposé confortable d'une cause globale — qui déterminerait illusoirement la réalité selon une perspective prospective —, on peut dire qu'une chaîne d'éléments liés entre eux "devrait nécessairement prévaloir" sur l'accessoire et l'accidentel.
Ainsi (l.10) la véritable méthode de philosophie de l'histoire, non pas comme science ni comme système spéculatif abstrait, mais comme étiologie rigoureuse, peut établir des analogies, des inductions, des probabilités rigoureuses et parfaitement déterminées. Ces trois termes (l.10) marquent bien la prédominance de la raison analytique sur la déduction à partir d'une cause absolue et première : c'est d'ailleurs pourquoi il n'y a pas de philosophie de l'histoire dans le spinozisme.
L'analogie est l'équivalence de deux rapports pris dans des sphères hétérogènes. Ce que le hasard est aux petits événements non significatifs, une raison nécessaire et profonde l'est aux événements déterminants. Les deux sphères sont hétérogènes, mais les rapports intrinsèques de leurs éléments internes sont identiques. L'induction quant à elle est une patiente construction de la raison, qui ne se donne pas la facilité de poser une cause première. Mais au contraire elle recherche progressivement le lien logique qui relie des éléments épars pour constituer une certaine probabilité. Celle-ci peut se définir comme un rapport, entre ce qu'on attend en fonction de ce qu'on observe de saisissable et intelligible —, et d'autre part ce qui est la vérité — et qui reste inaccessible.
Mais Cournot précise (l.10) qu'il ne faut utiliser les analogies, les inductions, et les probabilités que dans les limites rigoureuses de la raison. Il faut que reste "sauf" (l.10), i.e. sauvé, le devoir d'être circonspect. La circonspection peut se définir comme l'effort pour examiner et inspecter tout ce qui se tient autour, afin de ne pas extravaguer. Tirer des plans sur la comète signifie en effet extrapoler trop rapidement et facilement une vision synthétique de l'histoire par assignation de la cause première, hypothétique et illusoire. En effet, le sujet est grave (l.11) car il s'agit du devenir de l'humanité. Dans le §3, Cournot stigmatise l'illusion qui consiste à croire que la politique est première, parce qu'elle est le lieu des combinaisons aléatoires. Cette illusion aura précisément pour effet de détourner le philosophe d'une authentique philosophie de l'histoire, par l'attitude décrite par le raisonnement suivant. La politique est première. Or la politique est le règne du hasard et du fortuit. Il faut donc construire par compensation un système spéculatif où tout sera immanquablement déduit d'un principe causal premier. Il est sans doute clair que Cournot, en son originalité même, se démarque des grands systèmes spéculatifs abstraits de son époque. En particulier il s'écarte des systèmes de Hegel et de Comte qui proposent respectivement d'entendre comme cause première absolue, la raison dans l'histoire et la synthèse subjective de l'humanité. Mais aussi Cournot se détache de l'éclectisme confus de Victor Cousin, qui prétend justifier une vision anecdotique, exemplaire et moralisatrice de l'histoire par la position d'une idée abstraite —celle du vrai, du bien, du beau —, érigée au fond en cause première, d'où tout processus de l'histoire doit se déduire.
Telle n'est évidemment pas la position de Cournot, dont l'exigence rigoureuse et méthodique d'ancien mathématicien réclame plus de circonspection et de sobriété. D'une part distinguer les genres de causes, les genres de circonstances. D'autre part ne pas se croire autorisé à extrapoler l'existence d'une cause première par une analogie abusive et extravagante, dont il montre par ailleurs, sur un autre plan (l.23), qu'elle participe d'une métaphorisation constitutive d'un langage humain.
L'étiologie historique ne fait que naître (l.13), parce qu'elle est ici esquissée par Cournot sans doute par souci de tenir compte de l'avancée des sciences positives, dont la démarche consiste à chercher des lois comme principe d'intelligibilité par la raison, plutôt que des causes comme principes obscurs de production, comme le recommande Comte. Mais Cournot propose aussi peut-être sa doctrine de l'étiologie historique en réaction probable contre les excès de la révolution française (mais aussi la révolution de 1848, et la commune de 18712), et enfin les excès des systèmes spéculatifs de l'histoire. Car ceux-ci prétendent rendre raison de l'histoire à partir d'une cause première (l'absolu, l'humanité ou le bien). Pour Cournot il vaudrait mieux procéder à des dia-gnostics (éventuellement des pro-gnostics) selon le modèle de l'étiologie médicale, dont la méthode est de remonter à l'énumération et à la hiérarchisation articulée de causes possibles, à partir de constatations de symptômes et sous le contrôle d'une rigoureuse probabilité, seule probante et probatoire.
L'étiologie historique étant ainsi esquissée dans le fondement de sa méthode, il convient pour Cournot dans un second moment d'établir la justification de la distinction entre cause profonde (réelle, informative, effective) et cause apparente (aléatoire, bruissante, parasitaire). Ainsi (l.15) Cournot affirme qu'il est plus rigoureux en même temps que prudent de chercher la raison des événements plus que leur cause éventuelle. Car que savons-nous des causes en soi? Rien, si ce n'est simplement qu'elles sont des représentations de notre raison, dont il faudra rendre raison ultimement. Comme son nom l'indique la cause reste du côté de la chose comme force productrice, "en-ergéïa". Elle contient sa puissance propre comme susceptible d'effectuer un effet, mais sans entéléchie. La cause n'est pas auto-télique, elle ne se donne pas sa propre fin, elle ne se tient pas dans sa fin propre ("en-télô-ékeï"). Elle n'est pas achevée parce qu'elle reste en connexion infinie avec toutes les causes, d'après des lois qui règlent les conditions de possibilité de représentation du réel par l'entendement. Quant à la cause première, elle reste une abstraction supputée pour permettre une déduction intégrale selon une intelligibilité abstraite. Cournot cherche au contraire à fonder une intelligibilité concrète de l'histoire, concrète ne signifiant pas anecdotique. A l'origine le grand partage se tient entre d'une part la cause efficiente, ou motrice, et la cause formelle d'autre part. La cause efficiente ne peut être que locale, finale. D'où la difficulté d'identifier la cause et la raison dans le cas de Dieu, chez Descartes. La cause formelle est la forme ou l'essence même de la cause, qui est d'ailleurs cause de sa représentation intelligible dans l'esprit et qui maintient dans son concept ce qu'Aristote avait nommé cause matérielle (l'étoffe) et cause finale (la fonction, le but).
En tout état de cause la notion de cause est, d'une manière locale et finie, parfaitement déterminée comme force productrice interne. Cette constatation se situe en dehors de la discussion pour savoir si dans la notion intrinsèque de la causalité doit prédominer la causalité efficiente ou le principe de raison, qui émerge progressivement de la cause formelle et constitue presque le schème de son appréhension par l'entendement. Mais ici, Cournot dénonce génialement (l.17) une interversion subreptice entre ce dont la raison rend raison sous forme de résistance passive (pertes d'énergie par frottements, viscosités diverses, etc.) et la notion dynamique (bien que non intentionnelle) de cause proprement dit. La cause propre est ce qui est conçu selon son concept nécessaire et réel, bien qu'indéterminé quant à son contenu. Car on ne sait jamais jusqu'où va la cause, à cause (raison) de la connexion infinie des choses.
Ainsi Cournot va montrer que la notion de cause est d'abord d'ordre physique : énergie, impulsion. Ensuite il montre qu'elle permet de rendre raison des phénomènes physiques : conservation de la quantité de mouvement, conservation de l'énergie, principe de l'action et de la réaction. Mais ce qui fonctionne relativement bien en physique ne se retrouve plus dans la sphère humaine. En effet, la cause y devient inassignable, puisqu'on ne peut pas localiser les impulsions, mais repérer seulement des passivités, des résistances (l.17), des contraintes de structure, des inerties ou viscosités diverses. Cournot montre qu'on ne voit plus à la longue (dans le temps) et dans l'ensemble (espace) que l'effet apparent de causes apparentes (l.18). C'est précisément ce qui se passe dans le domaine des faits politiques, de l'attitude politique et de l'histoire politique, sous la forme d'une illusion dommageable.
Mais la différence entre cause et raison reste clairement assignable et sans ambiguïté dans l'étude d'un phénomène mécanique de la physique : le jet de dé. Alors qu'elle ne l'est plus dans le domaine de l'histoire humaine où règnent les passions, les caprices, les irrégularités de toutes sortes qui nous amènent progressivement à croire, par l'effet d'une illusion perspective, à la prédominance essentielle des causes apparentes. Celles-ci ne sont au fond pour Cournot que des frottements parasites et inertiels, du bruit non informatif et non déterminant. Ce parasitage est produit soit par le caprice non intentionnel du hasard, soit par le caprice humain. Le caprice hasardeux se définit pour Cournot comme la rencontre fortuite de deux séries causales indépendantes. Le caprice humain, au contraire clairement intentionnel, mais à mauvais escient et sans volonté raisonnable, apparaît mécaniquement déterminé comme effet de la faiblesse, de la débilité (l. 36), de l'imbécillité, de la misère, tous objets propres à l'activité réflexive du moraliste.
Ainsi dans l'expérience du jet de dés, on rend raison des irrégularités en tant que telles par des constructions logiques et rationnelles : modélisations des frottements, notamment dans la cinétique et la dynamique des solides. On reste cependant bien conscient que ces irrégularités ne sont pas des causes principales ou motrices (efficientes), mais des facteurs extérieurs dont il faut tenir compte dans les équations, en physique des fluides et en thermodynamique par exemple. Dans l'observation des phénomènes physiques par exemple (l.23), contrairement aux affaires humaines, on reste parfaitement conscient de la hiérarchie des causes. Il n'y a en effet pas de sens favorable (intentionnel ou prédominant) dans les forces de frottements présentes et à l'oeuvre dans les phénomènes physiques.
La modélisation reste absolument nécessaire en physique, en mécanique, et elle produit par exemple les notions de centre de gravité, ou la notion de résultante des forces de frottements. Elle rend compte et raison du processus physique. Mais elle devient aventureuse voire dangereuse dans le domaine de l'action humaine, aux prises avec la politique et l'histoire.
C'est bien ici le sens du passage de l'exemple physique du dé à l'explication de l'illusion qui consiste à placer la politique comme cause première de l'histoire. Notons par ailleurs la symétrie étonnante que Cournot impose entre la formule de Virgile et la sienne propre. Virgile étudie d'abord la mythologie (les Cyclopes), qu'il considère comme de grandes choses, pour se permettre de comprendre ensuite la nature (les abeilles), considérée comme petites choses à la faveur d'un rapprochement du petit (la nature) vers le grand (la mythologie). C'est précisément l'idée que reprendra Vico dans sa Science nouvelle. Plutôt que de chercher une cause inconnue qui réside dans les arcanes de la nature (Dieu, la Providence), à jamais inaccessible, il convient au contraire de construire avec l'imagination, d'où émergera progressivement la raison, une mythologie, à partir de laquelle on pourra penser la nature à la mesure humaine. En effet on comprend bien les Cyclopes, êtres mythologiques que l'imagination a fabriqués et dont la référence va permettre de rendre raison de la nature, ici illustrée par les abeilles selon une analogie naturelle. Le travail des abeilles dans l'ordre de la nature est aussi routinier et unilatéral (un seul oeil) que celui des Cyclopes dans la sphère de la mythologie. On constate ici un exemple frappant de volonté de rendre raison de la nature à partir de la finitude de l'esprit humain. Pour rendre compte de la nature on utilise ici seulement ce qui est accessible à l'esprit humain — la logique, l'imagination productrice —, plutôt que de lui assigner une cause incertaine et inaccessible à l'esprit humain.
Cournot va effectivement garder cette méthode, suggérée par Vico et appliquée par lui à l'analyse raisonnée de l'imagination (ou sagesse) poétique. Celle-ci consiste en effet à se montrer prudent et à rechercher plutôt la raison que la cause. Corrélativement d'ailleurs elle cherche à rendre raison de la différence hiérarchique entre plusieurs genres de causes, pour dégager une intelligibilité concrète et effective parce que probable. Mais conformément aux préoccupations de son temps il en inverse le contenu. Il s'agit en effet pour Cournot de rapprocher les grandes choses (les affaires humaines, l'évolution historique de l'humanité) des petites choses, que le développement positif de la science lui permet d'étudier et qui concernent les phénomènes physiques. Virgile dit : "Si parva licet componere magnis", en posant les choses mythologiques comme petites et étudiées dès le départ car à la portée de l'esprit humain qui les fabrique, et en cherchant à penser par rapprochement les choses naturelles pensées comme grandes (car inaccessibles de son temps). Cournot à l'inverse dit : "Si magna licet componere parvis". Il suggère ainsi que la nature est devenue une petite chose, grâce aux progrès de la science. On ne cherche plus en effet des causes, mais des lois, rapports constants entre grandeurs variables. On peut ainsi les comprendre en en rendant raison, alors que les grandes choses (à l'inverse des Anciens, comme l'a montré Vico) deviennent les préoccupations concernant l'histoire humaine, l'évolution et le destin de l'humanité.
C'est pourquoi le sujet est grave (l.11), lourd de conséquences mais aussi fécond en aperçus. Il s'agit au §3 de dénoncer l'illusion par laquelle on croit que la sphère politique est la cause motrice, efficiente, voire suprême de l'histoire humaine. Ce qui conduit à deux sortes de positions stériles et dangereuses, l'anecdotique et le spéculatif. L'anecdotique consiste à n'accorder d'importance qu'aux facteurs seconds, parasitaires, par une sorte de dépit sceptique, pessimiste et moralisateur. Le spéculatif quant à lui consiste à survaloriser une idée générale abstraite et à lui faire jouer le rôle de principe déterminant de l'histoire humaine.
Ainsi ce qui est apparent comme phénomène de surface n'est pas nécessairement ce qui est déterminant. C'est précisément par la recrudescence de l'attitude anecdotique et moralisatrice mais aussi celle de l'attitude spéculative, que l'on en vient respectivement à croire que le hasard règne en maître ou que le monde est soumis à la fatalité d'une idée immuable. L'attitude anecdotique par exemple est occupée simplement à faire des exemples et des contre-exemples, comme dans l'illustration (§1) de l'indisposition ou de l'indiscrétion. Machiavel en son temps, dans son Discours sur la seconde décade de Tite Live, avait aussi mis en garde contre la croyance que la fortune, le sort, le hasard (dans la caprice fortuit ou l'accident naturel) prenaient une part prépondérante dans le cours des affaires humaines. Il avait ainsi été amené à redéfinir la politique et le politique non pas comme la gestion probable et résignée de l'aléatoire. Mais il les avait pensés comme virtu, autrement dit effort pour se maintenir auprès des causes premières, comme forces impulsives véritables de l'action. En témoigne l'image célèbre de la digue construite contre la fortune et ses flots dévastateurs. Cournot pour sa part ne creuse sans foute pas autant la notion de politique que Machiavel. Mais il cherche comme lui à tracer une ligne de partage entre la raison active et le recours paresseux à une causalité aléatoire. La raison active agit en fonction de la représentation d'un enchaînement logique et certain. Alors que la causalité aléatoire nous dispenserait de jouer un rôle actif (l.27) et d'être une cause efficiente. Cause efficiente qui serait locale et limitée, et non un être de raison, construction abstraite comme cause première absolue, ultime, d'où tout se déduirait nécessairement.
Ainsi il faut remettre par la raison les choses dans leur ordre en rendant raison de leurs différences hiérarchiques. L'histoire réelle est sans doute un théâtre où un scénario logique se joue, se noue et se dénoue. Et il n'est pas nécessaire que Dieu ou la Providence soient les scénaristes. En tout état de cause, il y a des personnages, des acteurs, qui ont une efficience réelle et effective, mais locale et déterminée, dont on doit rendre raison. Cette efficience est cependant cachée par la considération illusoire de forces, pressions, circonstances, contraintes parasitaires. Ces causes parasitaires se situent autour (para-situs) et n'interviennent que négativement en freinant le mouvement. Elles sont érigées à la faveur de l'histoire anecdotique, comme cause principale, alors qu'elles ne sont qu'un élément que la raison prend pour rendre raison de la totalité du processus. Le premier effet dévastateur dont il s'agit pour Cournot de rendre raison est l'ensevelissement de la trame et de la chaîne véritables sous le fatras des résistances circonstancielles et contingentes. Le second effet dévastateur est le mépris, suivi du détournement, que montre la philosophie de l'histoire pour l'étiologie rigoureuse telle que la présente Cournot. La philosophie de l'histoire telle que la dénonce Cournot tend en effet à dénier l'importance de l'intelligibilité rationnelle des enchaînements, et à passer à un rationalisme dogmatique spéculatif pour rendre raison de l'histoire.
C'est dire pour Cournot qu'il faut redéfinir la notion de fait (l.31). Le fait n'est pas l'anecdote, qui n'en est que la caricature. Ce n'est pas à l'inverse et à l'autre extrême le fait de l'absolu, assez incertain et spéculatif, entendu comme cause première intégrale d'où se déduirait nécessairement la totalité du processus historique. Il s'agit plutôt du fait, au sens de l'indice et du symptôme médicaux. Il permet au médecin lors d'un diagnostic et par induction prudente et limitée de construire une interprétation probable, à la fois probante et qui s'avance vers la certitude sans l'atteindre avant le verdict du fait, en un mot du temps.
C'est donc un fait que l'histoire politique est le lieu du fortuit (l.30). Le fortuit dépend de la fortune, de l'accidentel, et provient de l'extérieur (indépendance des séries) et de l'imprévu. Il échappe à la déduction mais il est intégré comme possibilité par l'induction. Notons par ailleurs la remarquable symétrie dans l'inversion du jugement sur l'effet des causes profondes (motrices) et des causes apparentes (résistances, occasions), selon que l'on se situe dans la sphère physique ou dans la sphère historique. En effet (§2), dans le domaine du jet de dés, les forces secondaires (négatives, parasitaires, de frottement) finissent par ensevelir définitivement les causes productrices et impulsives véritables (l.18). Mais ce n'est nullement gênant pour Cournot. Car la théorie statistique et probabilitaire se trouve là pour cerner, réguler et prévoir par des lois rigoureuses, bien que non absolument déterminantes, l'issue des phénomènes physiques. Au contraire (l.34, §4), il est nécessaire dans la sphère de l'histoire humaine de faire porter toute son attention sur la distinction (l.33) entre le caprice humain influencé par le caprice non intentionnel du hasard (caprice humain dû donc à la faiblesse), et la véritable cause des événements. Car celle-ci laisse échapper son contenu causal profond et n'offre que son intelligibilité par la raison. Mais on s'aperçoit que les rapports (ratio) établis par la raison entre divers éléments se confirment dans la représentation des rapports qu'entretiennent les faits humains entre eux. C'est pourquoi Cournot peut dire que le modèle d'intelligibilité qui "finit par prévaloir" (l.34) n'est pas la "roue maîtresse " (l.33) de la fortune. Car celle-ci ne fait seulement que tourner aveuglément aux hasards des circonstances extérieures qui affectent de manière déterminée les personnages politiques, au hasard des rencontres. Mais ce modèle d'intelligibilité consiste au contraire dans une certaine rationalité continue enchaînée, qu'il appelle précisément "cause des événements" (l.34). On n'en saisit d'ailleurs pas le contenu propre mais seulement la forme des rapports qu'elle distribue entre les choses. Cette saisie apparaît comme suffisante, car selon Comte, la cause est d'ordre métaphysique, alors que la raison est positive.
Les personnages politiques sont donc actifs autant qu'ils sont conformes à leur essence et à leur fonction. Remarquons en outre que, dans l'énumération de Cournot, seul le monarque ne fait rien (l.26 à 28). Et pour cause! Il n'est qu'un pur contexte, une résistance passive qui souvent induit en erreur sur l'ordre des raisons (cf. l.34-36, exemples de Louis XIV et de Charles IV). Il est le produit de son temps, purement politique, qui masque la dimension active. Le tribun fomente ou réprime des révoltes, le législateur fabrique et vote des constitutions, le guerrier gagne ou perd des batailles, le diplomate rédige les lois et les traités. Mais le monarque se réduit à une sorte de représentation sur laquelle se focalise toute la causalité apparente — petites causes, grands effets. Celle-ci s'avère absolument illusoire, et doit être laissée de côté, dans l'optique de critique et d'étiologie historique propre à Cournot.
L'intérêt philosophique profond de ce texte réside dans sa tentative d'effectuer une synthèse des diverses positions de la philosophie de l'histoire, et des attitudes historiques. Il permet de désigner la véritable structure et le vrai processus de l'histoire.
Cette introduction de la rigueur, de la méthode, de la probité, de la sobriété, et de la modestie dans la réflexion sur l'histoire, se paie au prix fort d'une redéfinition de la cause et de la raison. Il y va corrélativement de la dénonciation implacable d'une double confusion dans la notion de cause et dans celle de raison. Cette confusion reste à l'origine des contresens sur l'origine politique de l'histoire, et leurs effets dévastateurs sur la réalité humaine en devenir. "Les grandes guerres modernes sont la conséquence des études historiques" (Nietzsche).
Le remède est en conséquence aperçu et esquissé lorsqu'on a distingué la cause profonde (la détermination) et la cause apparente (la dissipation, le bruit). Mais aussi quand on a distingué la constitution rationnelle, inductive, d'une étiologie, et la construction rationaliste d'une cause suprême déguisée sous l'apparence d'une raison globale ultime.
Christophe Steinlein (janvier 2003).
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